Paris, Ville Lumière, ville de rêves pour tous les touristes du monde entier, Paris ville de souvenir, des poètes maudits en passant par le french cancan du Moulin Rouge, de la Révolution Française.

Paris ville de tout et de rien, Paris qui illumine les regards lorsqu'à l'autre bout de la Terre nous venons à dire que nous y vivons.

Et pourtant, Paris, je te hais. Qu'importe l'idolâtrie des masses, qu'importe le romantisme désuet dont tu es l'impératrice, qu'importe l'histoire qui coule dans tes canaux.

Paris, je te hais

Paris, je te hais.

Je ne supporte plus le gris de tes pierres, assorti au gris de ton ciel, et à celui de tes rues, qu'importe ce camaïeu de non-couleurs. Qu'importe que tu sois celle qui fait vibrer les coeurs.

Je me contrefous de ton aura quelque peu magique, vivre en toi est étouffant.

Je déteste vivre en slalomant entre les touristes égarés, ébahis voire hébétés par tant de beauté. Je veux foutre des bombes dans les grands lieux culturels, faire exploser le Louvre ou bien les quais de Seine.

Je ne veux plus entendre le vrombissement des voitures qui avancent au ralenti, explosant l'ouïe, ces putains de provinciaux et de banlieusards qui ne trouvent rien de mieux à faire que de traverser la capitale à bord de leur auto, polluant les poumons et les oreilles des habitants.

J'en ai marre du métro, de ces masses compactes et inconnues qui viennent nous frôler, nous toucher, qui viennent nous comprimer, la face contre les fenêtres.

Je préfère le bus, malgré les embouteillages, malgré les conducteurs qui font valdinguer tous les passagers à coups de frein trop puissants.

J'en ai marre des cadenas des ponts, marre de ces putains de touristes qui nous font vivre dans une boîte à bonbons aux couleurs pastels dégoulinant de romantisme à deux balles.

Marre des parcs remplit de gosses qui hurlent, nous privant ainsi des seuls espaces verts disponibles ici. Je veux voir des herbes folles détruisant le bitume, traversant ça et là les trottoirs, imposant leur chlorophylle plutôt que le goudron.

Je veux pouvoir vivre dans un Paris exempt de tous ces calvaires, je veux vivre dans le calme et la volupté, vivre en sentant l'herbe sous mes nus pieds. Je veux respirer un air non vicié.

Paris, je te hais

Je veux pouvoir sortir le soir sans éviter certains quartiers. Je veux me sentir plus proche de la vie et de la nature, loin de ces putains d'humains taciturnes.

J'ai envie de vivre dans un Paris post-apocalyptique, où les arbres et les herbes auraient tout envahis, j'ai envie d'un Paris sans touristes, sans enfants, plus de poussettes dans les bus, dans les brocantes, qui nous poussent et nous écrasent.

Je veux d'un monde utopique, un Paris où l'on verrait un peu plus de ciel, où la nuit ne serait pas rouge mais d'un noir profond éclairé d'étoiles.

Je veux d'un Paris différent, un Paris où je pourrais, à quatre pattes dans les rues prendre des petites fleurs sauvages en photo.

Où la végétation ne serait pas en prison, limitée aux seuls parcs et jardinières.

Je veux d'un Paris différent, malheureusement, Paris sera toujours Paris, et moi, je serais toujours moi, donc Paris, je te hais, et tu me le rends bien.

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