J'ai toujours adoré acheté des fringues d'occasion, dans les brocantes avec ma mère et ma grand-mère lorsque j'étais petite, dans les Charity Shops d'Edimburg ou encore dans les souks tunisiens, les friperies où il faut farfouiller pour trouver la perle rare pour 2 francs 6 sous. C'est un plaisir que de trouver perdu au beau milieu d'un tas de fripes ringardes la tenue pour laquelle on a le coup de coeur, la pièce qui nous rappelle la belle époque de notre jeunesse, des Spice Girls et des platforms shoes, ou même pourquoi pas, des pièces beaucoup plus anciennes, de la jeunesse de nos mères, nos grands-mères voire même de plus vieilles aïeules. Aujourd'hui, je me lâche avec grand plaisir sur les sites de vente d'occasion tels que Vinted (qui est un peu mon Saint Graal), ou encore Ebay et Leboncoin. 

 

 

     Ce principe de fripes existe depuis bien longtemps, durant des années, celles-ci étaient plus le lieu de prédilection de quelques accros de la mode bien en avance sur la mode vintage/hipster/bobo qui déferle depuis déjà quelques années. Nous pouvions y trouver de chouettes pièces parfaitement adaptées pour un déguisement ou juste pour trouver des fourrures à prix dérisoires (lorsque par exemple, tel que moi, nous ne pouvons concéder à acheter des fourrures neuves: l'idée que l'animal est mort juste pour nous est assez hard, à l'inverse, on peut se dire qu'en lui donnant une "seconde vie", mille excuses pour le jeu de mots assez ... particulier et involontaire, celui-ci n'aura pas fini dans une poubelle ou bouffé par les mites et qu'il sera bien traité... Cela peut vous paraître assez hypocrite, mais qu'importe, chacun à sa vision des choses).

 

     Aujourd'hui même, je recevais mon perfecto Schott, acheté sur Leboncoin, une pièce de qualité, en très très bon état, le cuir n'étant même pas encore amollit, je l'ai payé 80 euros, si l'on inclus les frais de port cela monte à 95 euros. Contente de mon achat un tantinet "vintage" et parfaitement adapté à la saison.

 

    Mon cher et tendre ancien client très passionné des fripes et autres surplus, cherche une Work Shirt, autrement dit, une chemise de travailleur américaine, mais si, vous voyez: la chemise en coton épaisse, manches courtes et petit écusson au nom de l'employé. Ca y est, je suis sûre qu'à présent vous voyez de quoi je veux parler ( vous avez le droit de regarder l'image si besoin).

 

 

     Il décide donc de me traîner dans les friperies du Marais (quartier que j'adore, mais pas dans tous les domaines): FripStar (la seule que je ne boycotte pas, en raison de ses prix, et grâce à son joyeux bordel), puis juste à côté (pour vous situer: rue de la Verrerie) à Kiloshop, les deux, nous n'allons pas faire de jaloux; les prix sont exorbitants, à peu près les mêmes tarifs que des vêtements neufs, mais pour une bonne partie des vieilleries que seuls quelques hipsters aux dégaines pour la plupart assez "affligeante" accepteraient de payer un bras (mille excuses encore si vous êtes fervent défenseurs des hipsters, le mauvais goûts volontairement affiché et vanté me hérisse le poil: donc les messieurs en soquettes rouges surmontées du chino retroussé et affublé du manteau de fourrure mité de Grand Mère Germaine, je ne peux pas, et je ne compte pas les lunettes et le reste de la parure type, sans même compter sur la dégaine de leur chère et tendre). Cela donne à peu près l'image, avec plus de vanité et n'oublions pas les lunettes!

 

 

     Puis, Kiliwatch, près de la rue Montorgueil, encore, cette fois-ci, je ne devrais pas me plaindre, il n'y avait pas de soldes donc pas 50 mètres de queue pour rentrer dans le temple des prix d'or avec l'aimable vigile qui se prend pour le videur de boîte de nuit ultra huppée, mais qu'importe ce jour là, j'avais de toute manière passé mon chemin vers des horizons plus savoureux aux saveurs de pizza italienne. Mais cette fois encore, je m'égare... A contre-coeur, et sans doute avec une pointe de curiosité, je suis mon homme dans le dédale de la boutique, il y a bien une chose que l'on ne peut critiquer chez eux: la taille des locaux, et le grand choix de vêtements, accessoires, etc...

 

     Après avoir entendu d'après un groupe de jeunes branchés, que les Worlds Apparts étaient toujours numéro 3 (de quoi, là par contre grande question), d'avoir dû survivre aux mêlées digne d'un match de rugby, jumelé à une course de slalom, nous arrivons à faire le tour... Et rien, si, des chemises de flanelle à 27 euros, je pense d'ailleurs que Kirt se retourne dans sa tombe, mais qu'importe, là n'est pas le sujet... Pas de chemises pour mon homme (qui n'aurait de toutes manières pas dépensé 27 euros pour une chemise, d'ailleurs nous en avons trouver d'autres, sur Ebay, en Allemagne: 15 euros). 

 

 

     Je continue d'avancer, et je vois les pièces crées par la boutique, du même acabit que Hippie Market, des pièces faites avec les restes des vêtements trop usés pour être vendu entier, en gros des puzzles de cuir agrémentés de clous et autres artifices permettant de dissimuler un cuir trop fin, trop fragile, qui risque de se déchirer dès qu'on le touche. Une bonne idée de la marque pour ne pas perdre de sous sur les stocks, et puis le DIY c'est à la mode aussi.

 

     Et, tout au fond du magasin, je me retourne et je tombe sur... MON perfecto! le même, tout pareil, (en plus usé, plus abîmé, bref, plus vintage par l'aspect mais sans doute pas par l'âge), moi, curieuse comme je suis, je fonce sur l'étiquette, et là: ô surprise, le prix se dévoile à moi: "Perfecto Schott": 280 euros!!! Bordel de nom de dieu: 200 euros de plus que MON mien, le même, le même âge, le même modèle, tout, hormis la taille un 46 vs mon 38, et 200 euros de plus! 

 

     Il y a un truc que j'aimerais comprendre: pourquoi leurs perfectos (ils en avaient une armée), vieux, râpés, usés, tâchés, tout pareil que MON mien valent 200 euros de plus? J'ai pourtant vérifié, les coutures n'étaient pas en or, pas de diamants incrustés, rien, juste du banal cuir de bonne qualité et de la ferraille pour les zips et autres décos. 

 

     Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, ayez la bonté de coeur de m'expliquer pourquoi préférez-vous faire la queue durant des heures devant une boutique en pleine période de soldes, donc dans le froid, car je parle des soldes d'hiver, vous retrouvez à faire du rugby à moins que ça ne soit de la lutte gréco-romaine pour vous arracher des vêtements que vous pourriez payer beaucoup moins chers en passant par des circuits tout aussi pratiques et surtout beaucoup plus économiques? Ne sommes nous pas en période de crise, vous savez: LA crise, celle dont tous les médias parlent, celle qui vident les porte-monnaies? Pourquoi fréquenter ses endroits branchés qui ne proposent rien de plus que d'autres mais pour des prix défiant toute concurrence (dans le mauvais sens de l'expression)? Le besoin de reconnaissance de vos pairs, autrement dit le besoin de vous baladez dans la rue avec un sac d'une boutique In à la vue de tous vaut-il ce prix?

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