Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous parler de cuisine mais de mode. Je sais ce que certains vont penser: un blog de filles, centré sur les fringues et les mignons cupcakes. Dans un sens, vous n'aurez pas tort, d'un autre côté, je ne me suis jamais sentie très à l'aise avec les images stéréotypées de la femme accro aux chaussures et vivant pour ne parler que de maquillages et autres sujets très en Vogue chez Elle.

     J'aime la cuisine, mais je l'ai apprise avec des hommes, c'est eux qui m'ont donné goût à cela, le maquillage est loin d'être l'un de mes sujets favoris et il m'arrive d'ailleurs souvent de ne pas en user des mois durant.

Bref, comme je pourrais l'expliquer durant des lignes et des lignes, je ne suis pas une lectrice de magazines féminins, je ne passe pas ma vie à courir les boutiques pour faire du shopping, je ne dépense pas mon pécule pour des journées entières passées chez l'esthéticienne. En gros, je suis certes une fille, mais je ne suis et ne veux pas être un stéréotype tel que les magazines aiment à promouvoir.

 

Malgrés tout, j'ai choisi comme études la mode. Pourquoi? Sans doute à cause de mes racines familiales et de mes expériences de vie. Je m'explique: ma grand-mère était couturière professionnelle, et toute mon enfance elle m'a piqué les fesses avec ses satanées aiguilles pour me rhabiller, ma marraine chez qui je passais tous mes étés l'étaient aussi, à 6 ans, je courrais à la recherche d'aiguilles perdues sur le sol armée de mon aimant pour récupérer ses petits bouts de métal qui aiment tant s'éparpiller partout. Je l'ai vu des semaines entières broder des robes de mariée entièrement recouvertes de belles perles blanches et nacrées, j'ai appris à recouvrir des boutons avec sa super machine dans sa chambre atelier, bref, j'ai grandi en apprenant à ne pas marcher sur les aiguilles qui recouvraient les sols.

 

Lorsque j'étais plus jeune, ma mère était maquilleuse, là encore j'ai grandi au milieu des tubes de rouges à lèvres, des vernis, des pinceaux de toutes les formes, de toutes tailles. Je connaissais par coeur les teintes de chez Bourjois, les noms des collections et servais à l'occasion de cobaye pour les trainings professionnels des marques. Le soir de mes 11 ans, j'ai erré entre les stands de maquillage de la Nuit du maquillage qui existait encore à cette époque, rassemblement de professionnels du make-up, de la coiffure, et de la beauté. Je suis ressortie de là, peinturlurée ayant réclamé à chaque participant un peu de leur savoir faire, un peu de maquillage de soirée à l'un, un bindis entouré d'une bulle de nacre à un autre, et puis, une autre qui me dessina une sorte de maquillage traditionnel indien de part et d'autre du visage. Je voyais les spécialistes des effets spéciaux transformer leurs propres progénitures en mini troll aux oreilles et nez pointus. Les coiffeurs créer des femmes lianes, mêlant branches et feuilles naturelles dans les cheveux de quelques participantes. 

J'ai vu, senti, toucher beaucoup de choses. Une expérience assez magique pour une jeune fille.

 

Et puis,... Et puis, j'ai été modèle photo, longtemps, très longtemps... J'ai débuté alors que je n'avais que 6 mois, en 1986. J'ai travaillé en agence, pour des photos, destinées à la France, à l'Europe, au Japon, aux Etats-Unis, et puis un défilé, ou peut être deux. Aujourd'hui encore, j'ai gardé ces reliques, ces magazines un peu ringards des 80's, où je suis en couverture, avec les cheveux blonds et pour l'un d'entre eux une présentation en idéogrammes japonais.

Et puis j'ai arrêté quelques années, pour reprendre, encore quelques magazines, des castings, des publicités, et puis, la crise d'adolescence est arrivée, avec son lot de piercings et de modifications capilaires: rouge et puis noir, et puis rose et puis noir à nouveau. Les agences n'ont pas aimé. J'ai donc arrêté à nouveau, pour mieux reprendre quelques années plus tard à mon propre compte. Là encore, flyers, publicités pour des jeunes créatrices, couvertures,...

 

Et j'oublie des choses...

 

Quoi qu'il en soit, ces expériences de vie, ces passions familiales, m'ont plongé dans ce milieu. Habituée à voir les tissus, les fards et les flashs depuis toujours, je pense que cela s'est infusé en moi.

 

Ma crise d'adolescence m'a fait prendre le chemin du milieu gothique et donc de l'esthétique qui est liée, en principalement les corsets. Longtemps j'ai rêvé de posséder l'un de cs vêtements-objets, ce Saint Graal de toutes petites gothiques qui se respectent. Mais qu'il est difficile de trouver cela lorsque le compte en banque est vide.

Je décidais donc qu'il était sans doute plus économique d'en faire un moi même, qu'importe le fait que ma grand-mère ne m'aiderait pas dans ma démarche pensant que je n'y arriverais pas, je prenais mon courage à deux mains et me commandais le matériel nécessaire sur internet: baleines spiralées, busc, etc... Ma grand mère me confia une vieille toile de matelas, et j'étais prête à commencer.

N'ayant aucune expérience de coupe, de couture et autre, le travail fût un peu plus long que prévu, je n'avais pas de machine à coudre, juste mes doigts, et cela me suffisait. 

Je passa une bonne partie de mes vacances à Hong Kong à user mes doigts et mes ongles sur les coutures. Au final, après plus d'une cinquantaine d'heures de travail, je possédais enfin mon corset, fait exclusivement par moi même. J'étais fière, et reçu, ô miracle, les compliments de ma grand-mère et son estime sur mes talents naissants de couturière.

 

J'avais eu un parcours scolaire assez complexe, lycée par le cned, loupage des inscriptions au bac ce qui m'avait valu de passer le DAEU, puis une inscription à l'INALCO deux années de suite en chinois et japonais qui n'avait aboutie à rien étant donné mes problèmes d'assiduité.

L'âge avançant et n'ayant toujours pas de formation, je me penchais sur quel futur je voulais voir se dessiner devant moi. Après réflexion avec mon chéri, ma famille, et surtout avec moi même, je décidais de m'orienter dans la mode. 

 

L'expérience de vie et l'éducation de chacun le force à faire des choix dans la vie, nous oriente en fonction des domaines qui nous rassurent et que nous connaissons. J'espère avoir fait le bon choix.

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