Lors de sa visite, le médecin de nuit, m'a ordonné de consulter un psychiatre. Cela tombait bien, quelques jours plus tôt, je venais de me renseigner moi même sur un psychiatre exerçant à Paris et faisant des psychanalyses, assez près de chez moi: le docteur Charmoille, psychiatre, psychanalyste, pédopsychiatre et ténor à ses heures perdues.

Dès mon réveil, je le contacte, je lui explique la situation et il me donne rendez-vous le jeudi suivant, un jour férié: un miracle!

Consciente que ma mère est sur le chemin de la campagne, je tente de la joindre, malheureusement, le Valium est fort, et je me suis réveillée trop tard, elle est déjà là-bas, et il n'y a à présent pas d'autres solutions pour me réfugier dans les champs que de prendre le train.

Mon copain quitte le travail plus tôt, et nous voilà parti en direction de la gare Saint Lazare. Nous sommes dans le métro, je n'aime pas le métro, je me sens oppressée, mais il est trop tard pour prendre le bus, nous raterions le train pour Gisors.

Arrivés à la Gare Saint Lazare, la foule est compacte, je me sens mal, je suis fatiguée, faible, les hordes humaines qui crient, parlent, courent, stagnent me rendent plus malade encore.

Spasmophobie et Trouble Panique (Partie 2)

J'attend mon copain dans un monde déréalisé, près de la billeterie automatique, mais celle-ci ne délivre pas de ticket pour les trains grandes lignes. Nous devons traverser l'entièreté de la gare, pour aller vers les guichets. Je tente de me concentrer sur autre chose que sur cette foule écrasante qui attend son train, que ces gens qui me poussent, qui me gênent, qui font trop de bruit, j'ai l'impression que ma tête va exploser.

Nous arrivons aux guichets, il y a la queue, nous attendons, je me sens de plus en plus mal, je m'accroupie derrière la machine, loin de ce marasme qui m'entoure, pour éviter de penser à ces humains.

Notre tour arrive, mais une femme nous passe devant, mon copain, tente de lui expliquer que notre train est dans moins de 10 minutes et que nous ne pouvons nous permettre de le rater et que c'était notre place, elle le regarde hagarde, semblant ne pas comprendre, elle ne réagit pas, je me lève, et lui explique d'un ton qui ne réclame aucune réponse que je suis en crise d'angoisse, et que c'est notre place, je lui montre mes mains qui tremblent sans pouvoir s'arrêter. J'ai un tête de camée en manque, mes piercings et des cernes, elle me fixe encore plus ébêtée, qu'importe, je suis mal, je ne cherche pas à me maîtriser, je veux juste sortir de cet enfer.

Les billets sont pris, nous devons nous presser, le trains est à l'autre bout de la gare, encore une fois, nous devons nous frayer un chemin au travers des masses mouvantes et angoissantes. J'ai la tête qui tourne, je suis mal, très mal, je pense que ma pâleur doit faire peur.

Nous arrivons dans le train, il est heureusement peu remplit et assez calme, à l'exception de deux pétasses beuglant quelques sièges derrière nous. Par chance elles descendront au bout de quelques station.

J'ai du mal à me remettre de cette agitation, je sors un demi cachet de Xanax et le gobe, place mes mains devant mon visage pour respirer et calmer la crise, que je dois maîtriser.

Le train quitte Paris, au fur et à mesure que nous nous éloignons des tours bétonnées, je sens le calme qui s'impose à moi. Je regarde par la fenêtre, les yeux fixant la nature qui se fait plus présente à chaque kilomètre, je me sens comme hypnotisée, je ne suis pas capable de tenir une conversation avec mon copain, je suis concentrée sur la nature, et la verdoyance des paysages.

Petit à petit je me détend, je demande à mon copain de me réveiller au cas où je m'endormirais, la peur de me réveiller en sursaut victime d'une nouvelle crise dans un lieu complètement inadapté me terrorise.

Au final j'arriverais à bon port (ou plutôt bonne gare), plus sereine qu'au départ. A la descente de train, l'air frais et ensoleillé me fait du bien, mais je ne suis pas mieux pour autant.

Ma mère est là, et nous emmène loin de la civilisation, avec les vaches et le ciel étoilé pour compagnons de week end.

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