Aujourd'hui, en a peine deux heures, je viens de lire deux articles sur le sujet des français ne voulant pas d'enfants, les chiffres sont faibles: 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes (enquête effectuée en 2010 en France).

Le Monde et le Parisien qui sont à l'origine de ces articles, donnent les raisons évoquées par ces personnes qui refusent de procréer, les raisons sont celles connues: le besoin de liberté, l'envie d'autre chose, bref, des choix purement et simplement personnels qui ne regardent absolument personne hormis les personnes concernées.

 

 

Je suis dans ce cas, j'ai 27 ans et je ne veux pas d'enfant, je n'en ai jamais voulu. Lorsque j'étais enfant et que l'on me demandait ce que je voulais faire plus grande, je n'ai jamais répondu que je voulais me marier et avoir des enfants, jamais au grand jamais, je n'ai jamais eu la vision idéalisée de la maternité et de l'engagement marital. Je n'ai jamais souhaité vivre pour quelqu'un d'autre que pour moi, quelqu'un qui sortirait de mon propre corps, donc je devrais m'occuper, sans avoir le droit de me lasser, de craquer, de changer d'avis.

J'ai toujours estimé que ce choix ne regardait que moi, que les autres n'avaient aucune raison de se mêler de mes décisions dans un domaine aussi intime: dois-je tout de même préciser que jusqu'aux dernières nouvelles dans la grande majorité des cas, un enfant se fait après une partie de jambes en l'air? Donc pourquoi devrais-je avoir l'obligation de parler même en filigranne de ma vie sexuelle avec des gens plus ou moins proches à part mon partenaire?

L'enfantement n'est pas à mes yeux une fin en soit, je n'estime pas ne pas être une femme juste parce que mon ventre n'a pas été déformé durant des mois parce qu'un colocataire avait décidé de squatter mon utérus. Je ne me sens pas moins féminine parce que mes vergetures ne sont pas liées à une grossesse mais juste à mon adolescence. Je n'ai aucune envie de voir mon corps changer, de une passer à deux personnes pour me retrouver à nouveau seule dans ce corps.

Oui, il y a quelques relents de tokophobie dans mon discours, oui, je ne m'en cache pas, la grossesse me fait horreur, me fait peur, les déformations du corps, les douleurs, la vie qui change du tout au tout pour ne jamais revenir à la normal. Je ne veux pas être mère, je ne veux pas avoir à subir ce que j'ai pu faire subir à ma mère et à ma grand-mère durant ma crise d'adolescence, je ne m'en sens pas le courage, je n'ai pas envie de me battre pour rien, car au final l'adolescence doit avoir sa dose d'emmerdes pour créér un adulte épanouis. 

 

Oui, même si cela choque, je ne trouve en aucun cas le corps d'une femme enceinte beau, je le trouve difforme, et effrayant, à mes yeux, il ne me semble pas "normal", il n'est pas celui que l'on a la majeur parti de nos vies, donc ce changement radical et violent me fait peur au plus haut point, je ne veux pas un jour me retrouver ainsi, pour rien au monde.

J'ai eu deux longues relations, dont une en cours, la première a duré 6 ans et demi, de mes 17 à mes 24 ans, jamais au grand jamais je n'ai envisagé de me reproduire, cela ne m'éfleurait même pas l'esprit, sauf à me donner un frisson dans le dos. Mais à cette époque, les choses allaient encore, j'étais jeune, et les gens (les femmes pour la quasi-totalité des cas), ne tentaient pas de me convertir à ce rôle de mère qu'elles semblent tant chérir. Leur discours se fait de plus en plus prosélyte au fur et à mesure que j'avance dans l'âge.

Deux expériences m'ont marqué depuis un mois, ma voisine, mère de deux fillettes, dont une toute neuve du mois de septembre, qui s'acharne sans raison à me vanter les bénéfices de la maternité, de l'accouchement, tout en connaissant parfaitement mon point, dit et répété à de nombreuses reprises, étayés par des arguments liés à mon passé intime et que je n'exposerais pas ici face au monde. Ces arguments sont mon vécu, des souffrances, des expériences, des traumatismes qui ont ajouté encore plus à ma décision de ne pas avoir d'enfants, mais aussi illogique que cela puisse paraître, cette dernière passe par dessus eux, tentant de me raconter ses accouchements (la dernière personne à m'avoir pris entre quatre yeux pour me raconter le sien, m'a vu pâlir au fur et à mesure, et avoir la nausée monter... elle n'a plus jamais recommencé). 

Malgré mon insistance à me défendre vis à vis de ma voisine (très sympa au demeurant lorsqu'il n'est pas question d'enfants), celle-ci continue de vouloir me persuader, et m'a bien ouvertement dit il y a quelques mois de cela qu'un jour elle arriverait à me faire changer d'avis. En quel honneur? Selon elle, parce qu'il faut que je change d'vais pour mon copain, parce que lui en veut! FAUX!!! Nous avons déjà discuté de cela à de nombreuses reprises avec mon homme qui partage mon point de vue, et ce, malgré le fait qu'il ne recule pas devant les enfants comme je le fais moi même. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi, ma voisine s'entête à vouloir s'imiscer dans mon couple, ma vie sexuelle, et mon utérus, tenant des propos totalement faux en ce qui concerne la manière de penser de l'homme avec qui je partage la vie depuis plus de 3 ans.

 

La seconde, est une totale inconnue, une amie de ma Belle-Soeur, deux enfants au compteurs, fière de dire qu'elle ne voulait pas d'enfants, qu'elle ne supporte pas ceux des autres et que le week-end suivant son accouchement, elle s'est empressée de filer en week-end avec son mari, abandonnant son enfant à sa belle-mère (belle exemple de mère, n'est-il pas?). Lors de la soirée d'enterrement de jeune fille de ma Belle-soeur, celle-ci que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam, m'a sauté dessus, et durant plus d'une heure à sorti à son tour son discours extrêment prosélyte, me disant que je changerais d'avis avec l'âge, que cela viendra, bref, les arguments habituels (dois-je préciser qu'elle est encore plus jeune que moi, et que le premier à déjà, je crois, 4 ans). 

Puis, voyant que je ne changeais pas d'avis, sous le regard médusé des autres amies de Belle-Soeur ne sachant pas quoi faire pour la stopper, celle-ci a légèrement modifié son discours, elle ne parlait plus de moi mais encore une fois de mon homme, me disant que si je l'aimais il FALLAIT que je lui fasse des enfants, que sinon cela signifiait que mes sentiments pour lui n'étaient pas assez forts, me demandant en me poussant dans mes derniers retranchanchement ce qui se passerait si celui-ci me donnait comme ultimatum que de choisir entre rester avec lui et me reproduire ou qu'il parte.

Vous ne pouvez pas imaginer la douleur de cette conversation, la frustration de ne pouvoir dire quoi que ça soit qui la ferait taire, me laisser tranquille, qu'elle me foute la paix et s'occupe de ses gosses plutôt que de les abandonner chez sa mère à la moindre occasion, vous ne pouvez pas imaginer la crise de nerfs que mon copain a dû essuyer plusieurs heures plus tard, sur le chemin du retour, la rage que l'on m'infantilise, que l'on remette en question mes sentiments envers mon homme, par une totale inconnue, qui au même titre que ma voisine ne connaissait en rien les pensées de mon copain vis à vis de cette question, qui n'a pas cherché à écouter ce que je lui disais par rapport au refus partagé que d'avoir une descendance.

Je ne comprend pas pourquoi des inconnu(e)s tentent à tout prix de se mêler de ma vie privée, à vouloir s'immiscer dans mon lit en quelque sorte, je ne comprend pas en quoi cela leur changera la vie à eux. Nous ne pensons pas tous de la même manière, certains voient l'enfantement comme une fin en soit, comme l'accomplissement de toute une vie, d'autre voient cela comme une prison dont ils ne sauraient pas comment s'en sortir. Je fais parti de cette seconde catégorie, je fais partie de ces gens qui se sentent mal à l'aise lorsqu'un enfant est présent à leur côté, qui suis incapable de me pâmer devant le visage d'un nouveau-né même en y mettant la meilleure volonté du monde, je ne suis pas capable de m'imaginer mère, devoir gérer un autre être que moi, car je sais que je n'ai pas la volonté, la force et la motivation nécessaire. Je suis le genre de personne qui va cacher les photos des enfants des potes dans mon fil facebook, car ces images me mettent mal à l'aise, et ce n'est rien en comparaison des photos de femmes enceintes (où de ma voisine m'ouvrant la porte tout en allaitant).

Je sais pertinement que cet article va m'attirer les foudres de certaines, je m'en contrefous car, cela appuiera d'autant plus mon propos sur les personnes qui sans raison autre que de vouloir s'impliquer dans la vie d'inconnus, tentent de leur faire retrouver le "bon chemin", ce chemin qui semble être le meilleur à leurs yeux, mais n'est pas adaptable pour chacun d'entre nous. Nous sommes une minorité dans ce cas, à ne pas vouloir faire comme Papa, Maman, et au final en quoi cela devrait-il vous regarder? Je suis libre de vivre la vie que je veux, et j'en suis fière.

 

XXX

Venus 

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