Je suis lasse, fatiguée de devoir combattre du rien, de devoir combattre contre moi même.

J'en ai plus que marre de devoir m'occuper de moi, de mon corps, de ce corps qui est mon ennemi et qui n'en fait qu'à sa tête, qui obéit à une partie de mon cerveau que je n'arrive pas à contrôler de manière consciente.

Je n'en peux plus de passer de médecins en médicaments, de cours de sophrologie aux cours de yoga, de devoir me passer de caféine, de devoir obéir à des concepts qui ne semblent pas avoir de réels effets sur moi.

I hate myself

Depuis ces deux dernières années, après les vertiges où j'ai cru mourir, après les crises de panique, les effets secondaires des anti-dépresseurs, qui m'auraient conduit à la tombe si j'avais poursuivit leur prise, après toutes ces douleurs réelles, mais malgré tout factices, car sans origine physique, avec ces troubles de la vue, de l'ouïe, ces maux de tête, d'estomac, ces vomissements, pertes puis prises de poids, tous ces changements que j'ai dû combattre pour tenter d'aller mieux.

I hate myself

Je suis passée entre les mains de deux psychanalystes, qui m'apportaient plus de souffrances que d'aide.

Je suis passée entre les mains, d'un homéopathe très compréhensif mais, je n'ai ressenti aucun changement.

Je suis passée dans les mains de médecins de garde armés de leurs piqûres de Valium.

Je suis passée dans les mains de généralistes, avec à la clef des ISRS qui auraient pu me conduire au suicide tant je souffrais de leurs effets secondaires, et du Xanax que je prend comme des bonbons.

Dans les mains de deux ophtalmo, d'une orthoptiste (que j'adore, mais cela n'a rien changé), dans celle d'un ORL qui m'a torturé, dans les mains d'un osthéo depuis quelques mois (et je ne vois aucun changement, voire plutôt l'inverse pour le moment).

Entre les mains d'un hypnothérapeute, que j'aime beaucoup, spécialisé dans la gestion du stress, et c'est pour le moment le seul qui m'apporte un bien être grâce à ses techniques de relaxation.

Entre les mains, d'un gastro entérologue, qui m'a torturé avec ses tuyaux, l'impression que j'allais mourir étouffée sur sa table, des neuroleptiques qu'il m'a prescrit et qui ont accentué mon mal être et mes hallucinations hypnagogiques.

Je voulais tenter l'acupuncteur, mais j'ai abandonné n'arrivant jamais à le joindre.

Un gynéco, ma dentiste adorée, un stomatologue, une orthodontiste, et j'en oublie sans doute...

J'ai dû subir une vidéonystagmographie, le matin où mon grand-père allait décéder, la sensation d'être dans un enfer noir et sans porte de sortie lorsque les vertiges se font paroxystiques.

Une prise de sang, diverses analyses qui ne menèrent à rien.

J'ai perdu foi en la médecine.

Dr Mengele

Dr Mengele

La majorité était de bonne volonté, malgré un psychanalyste qui ne voyait en moi qu'un sac de pièces sonnantes et trébuchantes... sans apporter plus de 13 minutes d'écoute (et encore cela est discutable) pour 47 euros par semaine.

J'aurais sans doute préféré avoir Hannibal Lecter, il m'a toujours semblé bien plus à l'écoute de ses patients (je ne parle pas ici de ceux qui finirent dans sa marmite à mijoter).

J'ai senti lors de mes crises hypocondriaques, que je perdais toutes crédibilités auprès de mon médecin généraliste. J'allais le voir chaque semaine, souffrant de nouveaux maux, physiques et psychiques.

Aujourd'hui, j'ai toujours la crainte d'aller le voir, ayant la sensation qu'il me prend juste pour une folle aux symptômes qui n'existent pas et qui est juste stressée.

Aujourd'hui, ses seules prescriptions sont le Xanax, de plus en plus malgré ma peur de la dépendance, mes insomnies qui ne passent pas, et qui semblent empirer de jour en jour, ma pilule et des médicaments pour l'estomac.

J'ai la sensation d'être le petit mouton noir, celui qui est mis à l'écart.

I hate myself

J'ai tenté de m'inscrire à des cours de sport, le yoga, le Pilates, le Tai Chi Chuan, la sophrologie, la barre au sol,...

J'ai la sensation de tout tester.

Je me suis penchée sur la relaxation, on m'a parlé de la méditation, du lâché prise, de la psychanalyse, ...

J'ai pourtant la sensation que rien ne fonctionne.

I hate myself

Chacun me donne des conseils, avec plus ou moins de bonne volonté, chacun y va de son conseil, avec une expérience propre, certains ne jureront que par les anti-dépresseurs (les accros aux AD plus que les autres), d'autres par les joints (les fans de ganja, sauf que mon corps ne le supporte pas), les plus hippies parleront de techniques de méditation (sauf que si le cerveau ne veut se taire comment méditer?), d'autres parlent de mettre au bûcher les anxiolytiques (sauf que ceux-ci m'aident malgré tout), le sport (sauf que la tachycardie, les vertiges, les voiles noires, ne motivent pas à poursuivre),...

Chacun pense avoir LA solution, celle qui me sauvera.

I hate myself

Je tente, je teste, je suis les conseils, gentiment, obéissante, je modifie mon mode de vie, et au final: je me perd.

Je hais cette pseudo hippie qui semble vouloir naître de mes cendres encore brûlantes.

J'ai la sensation de me trahir, l'oppressante impression de ne plus être moi-même.

J'ai tout commencé, et j'ai tout arrêté, marre de prendre soin de ce corps qui n'obéit pas, marre de parler de ma vie en détail les détails les plus profonds et les plus intimes face à des hordes médicales, marre de devoir expliquer mon mode de pensée, de fonctionnement, marre de ne pas être prise au sérieux, de devoir justifier le simple fait d'être née (ce que je n'ai jamais décidé), lassée de devoir parler d'une petite enfance dont je n'ai aucun souvenir.

Marre de faire des autobiographies de 46 pages pour donner aux médecins, me penchant en détail sur toutes les pires périodes de mon existence.

Je ne veux plus avoir cette sensation de me trahir, de devoir changer, je ne veux pas changer, je veux juste être à nouveau celle que j'étais, même si l'on ne peut pas être et avoir été.

Je ne veux pas avoir été, je veux être moi-même, je ne veux pas me transformer en un être que je ne connais pas, qui se doit de suivre des règles sur chaque face de son existence pour ne pas sombrer à nouveau dans un chaos interne.

Je ne suis pas une putain de hippie, je suis moi, je ne peux vivre sans voir la part noire de l'humanité, celle qui dissimule tout le reste. Je ne veux pas vivre dans un monde où tout est rose, je suis misanthrope et je ne veux pas soigner cela.

I hate myself

Je n'ai pas envie de pardonner à tout ceux qui m'ont offensé, je n'ai pas envie de courber l'échine face à mon passé, de l'accepter et de ne plus m'en occuper.

Les souffrances que j'ai vécu sont miennes, et je ne peux les nier, je ne peux faire un trait sur toutes ces années, espérer une vengeance, même si je sais qu'elle n'existera jamais.

J'ai besoin de haïr.

Je sais qu'on me conseille pour mon bien, et sans doute aussi pour que je me taise, que je sois celle qui redevient celle qui écoute et non celle qui se plaint.

Je sais que les conseils pour beaucoup sont avisés, mais merde! Je suis en train de me perdre!

I hate myself

Pourquoi devrais-je perdre du temps à écouter ce corps qui n'est plus que mon ennemi, celui qui m'apporte souffrances et désolation?

Pourquoi devrais-je perdre du temps à m'occuper de lui alors qu'il ne me laisse pas tranquille. Je pensais que l'esprit était supérieur à la matière, sans doute, sauf que lorsqu'on parle d'esprit, on parle de l'inconscient, et qu'il déconne aussi.

J'en ai marre de prendre soin de moi, je n'ai pas envie de cela, je veux vivre, sans penser à chaque instant que chacun de mes faits et gestes, que chacun de mes sentiments, peut me conduire à nouveau vers un enfer où règne vertiges et déréalisation.

Je ne veux pas me forcer à faire des choses que je n'apprécie pas, dans lesquelles je n'ai pas envie de m'impliquer, je ne veux pas changer toutes les parcelles de ma vie.

Putain, je veux juste me retrouver!

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